Accueil A la une Animaux de compagnie : L’ami quand on n’a pas d’amis !

Animaux de compagnie : L’ami quand on n’a pas d’amis !

 

Adopter un animal de compagnie semble être un simple geste de générosité envers une créature vulnérable. Mais les apparences sont trompeuses ou presque ! Ce sont, dans la plupart des cas, les humains qui vivent une situation de précarité sentimentale, émotionnelle, relationnelle, communicative qui ont, à vrai dire, besoin d’être en contact avec une créature source-de-réconfort.

Il faut dire que le confinement infligé à moult reprises pour atténuer la prolifération du Covid-19, deux années durant, avait trahi la solitude et le dépaysement psycho-affectif qui dominent le relationnel : un relationnel humain-humain frêle, fragile, mal fondé… Dans cette période-là, souvenons-nous encore, bon nombre de Tunisiens avaient pris des animaux de compagnie. «Beaucoup de gens se sont retrouvés seuls durant le confinement. Depuis, le chien (ou le chat), cette boule d’amour, trouve sa place à la maison», indique M. Fahmi Hdhili, responsable de la franchise d’une marque d’animalerie, représentée par une vingtaine de boutiques, basées dans plusieurs régions.

La culture pro-animale gagne du terrain

Depuis, la culture de prise en charge d’un animal gagne du terrain. Et l’on repère, de plus en plus, dans l’espace public, des personnes dont l’apparence ne renvoie aucunement à une catégorie sociale aisée, se promener avec leurs chiens. «Nous avons une clientèle hétéroclite qui regroupe pratiquement toutes les catégories sociales. Il n’est plus étonnant de recevoir une cliente à faible revenu, qui vient pour acheter une poignée de croquettes contre la modique somme d’un dinar tout comme le fait de recevoir un client aisé, qui voudrait acheter un sac de croquettes à 350D», indique-t-il.

Et de poursuivre, «d’ailleurs, le recours à la bonne alimentation pour les animaux de compagnie revient à une notion d’efficacité et de conscience. Certains clients savent pertinemment que, pour préserver la bonne santé de leur animal, il convient de lui fournir une alimentation adaptée à ses besoins nutritionnels. Ainsi, le budget alloué à cet effet dépend du résultat escompté : pour rassasier un chien, une portion généreuse de pâtes suffit. Mais pour le nourrir, c’est une autre paire de manches», poursuit M. Hdhili.

Pour le confort de «la boule d’amour» !

Cela dit, le confort de l’animal domestique ne se limite pas seulement à la nourriture. Une panoplie de produits, comprenant ceux indispensables à l’hygiène et d’autres au confort et aux loisirs, attirent les férus d’animaux. Selon Mme Rim, responsable d’une animalerie au Bardo, la prise en charge d’un animal ressemble à celle d’un bébé. Aussi, implique-t-elle l’acquisition de plusieurs types de produits. «Il y a des produits dont a besoin l’animal au quotidien, notamment les croquettes, les shampoings, les anti-puces, etc. D’autres produits, en revanche, sont supplémentaires, comme les gadgets, les jouets… D’ailleurs, ces produits-là font d’abord plaisir aux propriétaires des animaux. Ce sont eux qui en sont séduits les premiers», souligne-t-elle.

Il est à savoir qu’il n’y a pas d’âge pour être ami des animaux de compagnie. M. Hdhili ainsi que les conseillères-produits œuvrant dans les animaleries accueillent des femmes et des hommes, —quoique la gent féminine devance celle masculine—, des adultes, des jeunes, des enfants et des séniors. «Quand on reçoit un enfant qui a fait des économies pour acheter un jouet à son chien, l’on est certain de l’évolution que prend la culture de prise en charge des animaux de compagnie dans notre pays. Il en va de même pour la fidélisation de la clientèle ; cette dernière est regardante quant aux conseils qui lui sont fournis par nos conseillères», ajoute-t-il. Une évolution qui se traduit, entre autres, par le développement du commerce des produits destinés aux animaux domestiques.

Animaleries : une évolution conforme à la demande

L’enseigne dont est responsable M. Hdhili vient d’inaugurer un point de vente à Djerba. Ces animaleries mettent à la disposition des clients un éventail de produits qui compte pas moins de 3.200 articles relatifs à une cinquantaine de marques référentielles à travers le monde. «Au début, les clients ont tendance à vouloir tout acheter, chacun selon son budget bien évidemment. Puis, les achats se restreignent aux produits indispensables au quotidien», fait remarquer Mme Rim.

Aussi, les férus d’animaux domestiques se plaisent à cajoler leur «boule d’amour», voire à y investir. Cet animal qui a su gagner la compassion, la sympathie et les cœurs des membres de la famille. Il faut avouer que la présence d’un animal de compagnie impacte positivement sur le bien-être de l’humain. Pourtant, tout commence par un souci d’apparence ! En effet, d’après l’analyse de M. Mohamed Jouili, sociologue, avoir un chien ou un chat —surtout un chien— relève d’une distinction sociale préméditée. «Se balader avec son chien dans l’espace public représente un message que l’on adresse à autrui : je suis bien accompagné et je n’ai besoin de personne ; voilà ce que signifie cette compagnie. Pourtant, au départ, cette distinction sociale était, à la limite, mal vue, puisqu’elle se référait à une classe de snob, de bourgeois», explique le sociologue. Et pour renforcer cette distinction sociale, l’on effectue, volontiers, des recherches sur les chiens, leurs races, leurs besoins nutritionnels, sanitaires et autres dans le souci de parfaire la prise en charge de ce compagnon un peu spécial.

L’élément fédérateur de la famille !

Néanmoins, mis à part l’apparence et l’apparat, adopter un animal de compagnie aide à pallier autant de frustrations relationnelles que de déceptions encaissées. Selon M. Jouili, les liens sociaux passent aussi par l’animal. Ce dernier devient le substitut des liens sociaux brisés par la déception, la précarité des sentiments, l’hypocrisie, l’infidélité et le manque de sincérité. «En Occident, ce sont surtout les séniors qui s’adonnent à l’adoption des animaux de compagnie. Faute de convivialité et de soutien familial, ils requêtent chez l’animal la sécurité et l’affection. Chez nous, la tranche d’âge des férus d’animaux domestiques oscille entre 30 et 50 ans. Les hommes préfèrent opter pour des chiens, et ce, parfois, dès leur jeune âge. Quant à la gent féminine, elle trouve dans les chats un compagnon doux et casanier», affirme-t-il.

Et au moment où la société tire la balance vers l’individualité, la solitude et l’isolement, en dépit d’un entourage qui pourrait être imposant, la «boule d’amour» —comme il plaît à M. Hdhili de surnommer l’animal domestique— fait fondre la glace en ajoutant au quotidien une touche bénéfique car sincère. Du coup, l’animal de compagnie recoud les liens familiaux déchirés et délaissés depuis bien longtemps. «Dans le contexte familial, l’animal joue un rôle ô combien salutaire. Je dirais même qu’il crée l’équilibre en atténuant les tensions, en réduisant les conflits et en rassemblant les membres de la famille autour d’un point en commun. Et voilà que l’animal —surtout le chien— s’avère être un élément fédérateur. Sans lui, chacun se recroqueville dans sa bulle, les yeux fixés sur les réseaux sociaux», enchaîne M. Jouili. Et de conclure, «cependant, une fois l’animal est là, chacun quitte sa bulle pour se concentrer sur cette créature sympathique. Du coup, les membres de la famille ne sont plus des étrangers l’un pour l’autre, ils sont, enfin, ensemble».

Parlons-en ainsi, l’animal de compagnie rend service, rien que par sa présence, à l’individu et à la famille. Tel un antidépresseur, il nous sauve de la solitude et fait revivre les sentiments crus pour morts…

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